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  • : Le blog en français de Karim METREF
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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 20:40

bocassa.jpgLes temps sont vraiment mauvais pour les dictateurs. Jadis les tyrans à la retraite finissaient leurs jours en de jolies propriétés en Angleterre, en France, en Italie ou en Suisse.

Ils n'étaient dérangés par personne et ils pouvaient continuer à dépenser tranquillement leurs fortunes colossales éparpillées dans les différentes banques du monde riche ; même Bocassa « l’ogre de la République Centre Africaine » fut bien servi.


Aujourd’hui ce même monde riche semble ne vouloir plus les accepter sur ses terres après les avoir pressés et en sucé . Cependant, même loin du monde « libre et démocratique », ils ont toujours droit à des exils dorés.

Ils sont devenus presque comme des déchets radioactifs, on refuse de les mettre définitivement au ban de l’histoire, mais personne n'en veut chez soi.

Benali est en exil en Arabie Saoudite (probablement l’État marionnette le plus stable et le plus puissant de la région), Moubarak est en exil à Charm-el-Cheikh. Oui en EXIL!. Car celui qui a vu Charm s’est aperçu que là ce n’est pas l’Egypte. Pas du tout.

S’il sera renversé, probablement Kadhafi ne se rendra pas ; ou bien il sera exécuté comme Ceauşescu, vite vite. Ou bien il sera condamné par un faux procès comme Saddam.

De toute façon un procès véritable contre ces gens n’aura jamais lieu : ils savent trop de choses pour qu’on les laisse parler.

Après tout la fin de ces gens n’est pas de grande importance. Même la fin la plus tragique ne rendra jamais justice à tous ceux qui ont été volés, trompés, insultés, réduits en esclavage, humiliés, arbitrairement arrêtés, torturés et/ou tués.

Ce qui importe plus ce sont par contre les fortunes astronomiques volées aux peuples et déposées dans des banques occidentales et des paradis fiscaux.

Quelle fin feront-elles?

Les biens personnels de Saddam et de sa famille et ceux de l'État irakien, par exemple, furent retirés en comptant, du moins ceux qui étaient dans les banques américaines, et portés en Irak pour, officiellement, financer la reconstruction.

Il s’agissait de plusieurs milliards de dollars qui auraient pu vraiment servir à reconstruire les infrastructures du pays et à relancer l’économie.

Par contre ils n’ont servi à rien de tout cela! Ils se sont évaporé alors que l’Irak est encore sinistré comme au lendemain de la guerre. Les rues sont encore comme les a laissées Saddam. Les chemins de fer sont un souvenir lointain. Le réseau électrique laisse à désirer et, quand l’électricité y est, elle y est pour une moyenne de 5-6 heures par jour. « Le courant électrique dans notre quartier est intermittent – dit une blague irakienne: une heure non, l’heure d’après non plus. »

L’eau manque et l’industrie a presque disparu ainsi que l’agriculture, comme à peu près tout le reste. Et alors à quoi ont servi ces milliards de dollars que Bremer et Negroponte ( les deux chefs qui s’étaient succédés l’un à l’autre à la tête de l’Autorité Provisoire de la Coalition) avaient dans leurs caisses au début de l’occupation?

Ils ont servi à obtenir probablement le résultat actuel, c’est à dire: le chaos le plus total.

Il est vrai que détruire une nation jusque dans ses fondements, diviser sa population en ethnies qui se haïssent à mort, semer la guerre civile, la corruption... tout ça a des coûts plutôt salés.

L’argent a été souvent octroyé à des sociétés américaines qui ont sous-traité avec des sociétés turques qui à leur tour ont sous-traité avec des sociétés égyptiennes qui ont sous-traité avec des sociétés irakiennes qui ont accépté, elles, de faire semblant de travailler et ne faire presque rien. Une autre partie est allée au profit des compagnies de sûreté privée et d’insécurité publique ;

au profit d’associations de malfaiteurs déguisées en partis politiques et de délinquants en costume et cravate déguisés en personnalités politiques; au profit des chefs de tribus, des chefs religieux, des milices armées, des formations militaires et paramilitaires occultes, des sociétés de pseudo intervention humanitaire, des affairistes, des espions, des bandits, des criminels, des trafiquants de tout et de rien, des murs de béton-armé, des fils barbelés, des équipements militaires... au profit de tout et de tous sauf du pays !

Aujourd’hui les pays qui ont annoncé le gel des avoirs des Benali (et de Trabelsi, leurs beaux-parents), des Moubarak et des Kadhafi sont nombreux. Mais la destination de cet argent demeure un grand point d’interrogation.

Une grande partie ira probablement dans les oubliettes de l’histoire, et sera dévorée par les banques comme c'est arrivé souvent avec les comptes des différents chefs d'État et politiciens corrompus et des petits et grands délinquants communs, morts ou emprisonnés.

Une autre partie sera utilisée par chaque pays où a été effectué le dépôt pour faire du chantage aux nouveaux gouvernements qui naîtront des protestations ou de leurs manipulations : « Je vais te rendre tes capitaux – diront les banques des pays détenteurs de ces dites sommes - à condition que tu les utilises pour faire ‘‘ceci et cela’’. Et je te les restituerai seulement si ce ‘‘ceci et cela’’, tu le feras faire à la société ‘‘un tel’’ ou à la compagnie ‘‘un tel autre’... »

Conditions inacceptables dans une situation normale. Conditions que seul un nouveau gouvernement aussi corrompu que le précédent, sinon davantage, pourrait accepter. Conditions qu’il accepterait, cependant, seulement avec la contre-condition qu’une part de ce butin soit versé dans des comptes secrets au nom des nouveaux chefs.

Enfin, un éternel recommencement!

Et c’est aussi pour cette raison que ces puissances (prédatrices) font leur possible pour que ces révoltes portent seulement un changement de marionnettes et qu’à la fin le spectacle sur le petit théâtre soit toujours le même.

Heureusement la rue semble assez consciente de ces risques et continue à être mobilisée comme récemment à Tunis et au Caire où il y a eu de nouveaux affrontements dans la rue et où on a vu les membres des gouvernement – laissés par les vieux régimes– contraint à présenter leurs démissions.

Nous espérons que la lassitude ne s’empare pas des révoltés avant qu’ils envoient à la maison tous les dinosaures.

 

Traduit de l’italien par Abdelmalek Smari

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