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  • : Le blog en français de Karim METREF
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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 14:11

algerie-emeutes.jpgSidi Bouzid, Centre de la Tunisie. Mohamed Bouaziz, 26 ans, pauvre, sans emploi, diplòmé, se retrouve à vendre des légumes sur le trottoir. La police lui saisit sa marchandise. Cela peut sembler une scène banale de la pauvreté au quotidien dans nos pays. Mais c'en est est une de trop. Mohamed Bouaziz, comme de nombreux jeunes Africains du Nord, estime n'avoir désormais rien à perdre.  Et pour protester, il s'immole par le feu, en public.

Il meurt après une longue et douloureuse agonie. Mais sa mort n'est pas passée inaperçue.  Les jeunes Tunisiens ont le courage de se lever et de se battre contre le régime qui les étouffe depuis des décennies. Même scénario en Algérie ou presque.

 

Le sort de Mohamed est celui de beaucoups des jeunes de nombreux pays africains. Les familles investissent sur les étude des enfants, dans l'espoir que leurs sacrifices puissent leur donner un avenir meilleur. A la fin ils n'obtiennent que des « chômeurs diplômés ».

Ajoutez à cela la corruption profonde des régimes et de leurs appareils, à tous les niveaux; l'écart croissant entre riches et pauvres, l'arrogance de la classe enrichie au détriment du peuple, la violence de la police et de l'armée, le taux de chômage supérieure à 50% chez les jeunes, la crise du logement, l'impossibilité de fonder une famille et de vivre dans la dignité, les écoles qui se détériorent de plus en plus ... Il y aurait de quoi se suicider tous les jours ... et en masse.
En fait, le geste de Mohamed a suscité en Tunisie (d'habitude si calme) une vague de protestations jamais vue auparavant. Les jeunes n'ont rien à perdre et ils le montrent très bien. Les cas d'auto-mutilation et de suicide spectaculaires sont en augmentation. Les gens sortent dans la rue et font face à l'armée à mains nues. Les morts se multiplient, mais la protesta ne donne aucun signe de vouloir se calmer
En Algérie, c'est la flambée de certains produits alimentaires qui déclenche le chaos. Mais cela est seulement un élément déclencheur, la goutte qui fait déborder un vase déjà plein depuis longtemps.
Il est simpliste d'appeler les protestations de la Tunisie et l'Algérie « émeutes du pain» ou même « de l'huile et du sucre." Ce sont des expressions de profond malaise. Les protestations ne demandent pas simplement du pain, mais de la dignité. C'est tout le système qui est remis en cause.

Mais alors que des manifestations en Afrique du Nord, il y'en a souvent. En Algérie, il y ades dizaines d'émeutes chaque année. En Tunisie, ces dernières années, il y a eu un véritable soulèvement populaire dans le bassin minier de Gafsa. Au Maroc, il y a quelques semaines, il y avait le "Camp de protestation" Sahraoui de Laâyoune. Toute une population a quitté la ville pour aller s'isoler dans le désert. mouvement pacifique sauvagement réprimé par la police.

Tout
ce qui se passe en Afrique du Nord en ce moment est, en quelque sorte, dans le cours normal des choses. Depuis des années, les gens de la région cherchent des moyens de sortir de l'oppression. Mais dans tout cela, ce qui n'est pas normal et l'intérêt soudain que manifestent les médias internationaux pour ces questions.
On pourrait penser que les «réseaux» ne font que leur travail, et quand quelque chose d'intéressant se produit, il le racontent. Mais ce n'est pas exactement comme ça que ça fonctionne.

En fait, ne disent pas tout et pas toujours avec la même intensité. Il suffit de regarder la façon dont les lapidation, ces pratiques barbares, sont largement couvertes quand elles se déroulent en Iran. Et, quand c'est l'Arabie saoudite qui les organisent (et c'est souvent) personne n'en parle.

On pourrait se demander pourquoi presque personne n'a entendu parler des manifestations de Radayef et Gafsa, en Tunisie, l'an dernier? Pourquoi l'insurrection en Kabylie, en Algérie, qui a duré deux ans (2001, 2003) et au coûté 150 victimes n'a pas été couverte. Pourquoi le Camp de protestation sahraouis a été ignoré par tous, y compris les télévisions françaises qui, aujourd'hui, sont au centre de Sidi Bouzid et diffusent en direct?
Difficile de savoir quoi exactement, mais quelque chose est cassé dans l'équilibre des pouvoirs dans les deux pays. Les deux dictateurs sont vieux et malades. Les deux régimes sont devenus imprésentables et le risque d'un effondrement par causes naturelles n'est pas à écarter. Un effondrement qui conduirait à des résultats que personne ne peut prédire. Donc, pour éviter l'incertitude, peut-être que quelqu'un depuis l'intérieur et l'extérieur a décidé d'organiser une sorte d'explosion contrôlée.
Le potentiel explosif existe. C'est la colère et la frustration. Il suffisait juste d'attendre que la première étincelle s'allume et accompagner l'onde de choc pour la porter dans la bonne direction.

La situation en Afrique est en pleine mutation. Ce qui était autrefois un terrain de chasse exclusif des occidentaux est envahi par les nouveaux chasseurs: Chinois en tête, mais aussi Coréens, Turcs, et Iraniens ....
Depuis deux décennies, les intérêts français et étasuniens se sont affrontés sur le continent, générant des guerres civiles, des génocides, des coups d'états ... Et laissant en même temps des ouvertures d'accès aux nouvelles puissances néo-coloniales. Aujourd'hui (même ceci a été révélé par Wikileaks) France et USA semblent avoir décidé de se remettre ensemble, comme au bon vieux temps de la guerre froide. Revenir ensemble signifie rétablir de l'ordre dans la classe dirigeante locale. Mettre ne pied, peut-être, une nouvelle classe dirigeante, plus présentable, plus efficace, mais toujours fidèle au camp occidental.

Mais rebattre les cartes, créer un nouvel équilibre n'est pas toujours du goût de ceux qui ont le pouvoir en main. La réorganisation de ces systèmes génère des luttes, du sang, de la douleur, des tensions, et de l'insécurité ...

Ce que nous devons espérer, et ce sur quoi nous devons travailler, si nous voulons faire pression pour une solution juste, qui soit en faveur des jeunes et des travailleurs qui sont en train de donner des coups de boutoir à ces systèmes corrompus et corrupteurs, C'est, je crois, de faire preuve de solidarité avec c
es jeunes en la lutte. Démontrer que l'intérêt pour leur raisons se poursuit même lorsque les médias internationaux auront décidé d'éteindre leurs lumières. Nous devons créer des espaces de rencontre, de débat, d'échange. Essayez de les sortir de l'isolement dans lequel ces jeunes sont délibérément maintenus: pris entre les systèmes policiers corrompus et les fondamentalistes obscurantistes.

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