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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 13:01

Lettre à la politique et la société civile après les événements du 17 Octobre, 2009

 

Samedi, Octobre 17, 2009 at 14.30, Piazza della Repubblica à Rome, a lancé un rallye que l'aspect était comme tous les autres. Mais la manifestation du 17 Octobre, malgré l'apparence est très différente. Profondément différent dans son essence même.

 

Depuis 20 ans, depuis l'assassinat de Jerry Masslo en 1989 à Villa Literno, de manifestations ranti-racistes en Italie il y en a eu beaucoup. Mais c'est la première manifestation nationale contre le racisme et de lutte contre les lois racistes convoquée et organisée par des organisations autonomes d'immigrés. Les immigrés étaient non seulement très nombreux dans la foule comme cela a été rapporté dans plusieurs médias, mais cette fois-ci ils n'ont pas fait seulement fonction de porte-drapeau ou de figurants pour apporter un peu de couleur à la procession. Cette fois, les immigrants ont été l'âme de cet événement. Mais ce fait, semble t-il, n'a pas été évident pour tout le monde, ou bien n'a pas du tout été apprécié.

 Dès le début, le «Comité 17 Octobre " a été regardé avec suspicion. Ignoré par le monde de la politique et donc aussi des médias puissants. En fait, l'événement du 17 octobre semble pleuvoir du ciel. Certains petits journaux de gauche en ont parlé, mais timidement, ces dernières semaines. Les grosses machines qui généralement mobilisent pour les grandes manifestations de la gauche (Centrale syndicale, Arci ...) n'ont bougé que les derniers jours. Certains partis politiques l'ont ignorée totalement, d'autres ont confié l'affaire à leur section «l'immigration», généralement peu nombreuse et peu influente. Les seules personnes qui y ont vraiment cru en plus des comités d'immigrants étaient de petites organisations, les petits partis extra-parlementaire, les mouvements de base ... Puis il y a eu des centaines d'immigrés qui ont fait un extraordinaire travail de diffusion d'information et de sensibilisation dans les rues, sur les lieux de travail, sur les lieux de rassemblement des gens, des vraies personnes, celles qui travaillent pour vivre, celles qui subissent de plein fouet la crise.

Le travail a été tellement profond que les directions des partis semblent avoir été confrontées à un dilemme majeur: soit continuer à nier leur solidarité et faire face à une nouvelle incompréhension de la part de leurs bases ou rejoindre le cortège à la dernière minute. Et ils ont, pour la plupart, choisi la deuxième solution.

 Au départ, à Rome, bien sûr il y avait tout le monde, ou presque. Une fois la vitrine mise en place, tout le monde veut une place au premier rang. Comme d'habitude, les partis politiques, les syndicats et les grandes organisations ont inondé le défilé de drapeaux, t-shirt, casquette, drapeaux, ballons et gadget divers. Ils n'ont pas manqué l'occasion de pratiquer leur sport favori: s'écraser les pieds les uns les autres, comme à chaque manifestation « unitaire ». .

 La convention établie entre le Comité le 17 Octobre et les divers organismes présents était de laisser la tête du défilé au comité organisateur et de déployer leurs troupes derrière. L'accord à èté plus ou moins respecté par les bases. Mais les grandes « personnalités » politiques l'ont complètement piétiné. Le comité organisateur a du jouer à la chasser à l'homme politique. Mais la partie était vraiment dure. Pas moyen de les envoyer vers leurs bases. Certains ont du ètre réprimandé à plusieurs reprises, mais sont obstinément resté en tête de procession en dépit des accords.

Une nouvelle preuve, s'il y en avait besoin, que si d'un côté les bases sont mûres pour un nouveau mode de faire la politique, les classes dirigeantes restent le principal obstacle à ce changement.

Parce que même si cela ne s'est pas vu, mais l'événement du 17 Octobre a marqué une nouvelle façon de protester, une nouvelle maniéré de faire de la politique. Et il est juste que ce changement vienne des Comités d'immigrants.

 

Les immigrants dans les pays riches du Nord en général, et en Italie en particulier, représente un groupe social très particulier sur lequel les injustices de l'ultra libéralisme arrogant s'exercent avec plus de férocité. Comme les Juifs au début du siècle en Europe, comme les Noirs aux États-Unis après la guerre, l'immigration en Italie est une sorte de peuple-classe utilisé pour combler les trous causés par le saccage des biens publiques. Victimes des victimes. Esclaves d'esclaves. Main d'œuvre exploitable à volonté à la disposition des petits agriculteurs, industriels et entrepreneurs en batiment étranglés par un marché contrôlé par les grands groupes qui exigent des prix toujours plus bas. Servants à la disposition d'une famille étranglée par le manque de politiques sociales et de programmes pour le bienêtre des personnes âgées et des enfants. Boucs émissaires à la disposition d'une politique qui ne peut et ne veut même pas donner des réponses aux problèmes réels, et les utilise comme un épouvantail pour garder les gens loin de vraies questions.

Un état d'esclavage qui a commencé par la relation étroite entre le contrat de travail et le permis de séjour de la Loi « Turco-Napolitano", normalement poursuivi dans la "Bossi-Fini" et qui dèbouche (le plus logiquement du monde) dans l'actuelle «paquet sécuritaire». De telle manière les immigrés sont de plus en plus vulnérables, et donc de plus en plus sensibles au chantage.

  Et comme dans l'Europe du 19ième siècle et dans les États-Unis de l'après guerre, c'est en partant des droits des plus démunis que commence la lutte pour améliorer la vie de tous. Aujourd'hui, en Italie et en Europe, c'est à partir de la lutte pour la dignité et les droits des migrants que recommence la lutte pour les droits de tous.

 L'événement du 17 octobre n'est pas une petite parade toute gentille qui dit que le racisme est une mauvaise chose et puis c'est tout. L'événement a une plate-forme. Une plate-forme intentionnellement radicale. Trop radicale pour ceux qui veulent être politiquement corrects, mais ne veulent jamais touchez les problèmes à la base.

 L'événement du 17 octobre appelle ceux parmi les politiciens et membres de la société civile italienne qui se soucient encore des valeurs de la démocratie, de la liberté et de l'égalité a revenir à la politique réelle. Celle qui se fait avec de vraies personnes. Pas sur les plateaux de télévision! Pas sur les fauteuils institutionnels! Pas celle qui passe le temps à parler des « partouzes » Berlusconiennes.

 Mais celle qui parle des questions que Berlusconi (et aussi beaucoup de l'opposition) n'ont pas du tout envie d'entendre. Celle qui parle des causes réelles de la crise. Du travail, de l'école, de la santé, du social et de l'environnement. Celle qui parle des biens publics qui deviennent monopoles de quelques uns.

Une politique qui ne fait pas semblant que la question sociale s'arrête aux frontières de l'Italie. Qui ne sépare pas les questions nationales et internationales, parce que le monde est, plus que jamais, un même bateau. Celle qui ne cache pas à l'Italie que si les filles de Bénin City (Niger) viennent pratiquer la prostitution en Italie c'est parce que la Shell-BP, Total, Chevron et Agip ont tué la mer, les lacs et des terres qui faisaient vivre leur peuple.

 La vraie politique qui ne cherche pas à duper les gens avec l'histoire que «l'immigration est une bonne chose. Parce qu'elle porte des bras pour notre économie et rajeunit la population. "

 Comme s'il était vrai que des millions de personnes contraintes de quitter leur terre était une bonne chose. Comme si des pays entiers vidés de leurs forces vives est une bonne chose. Comme si des dizaines de milliers d'enfants qui grandissent en Moldavie, en Roumanie, en Ukraine, en Pologne, au Philippines... sans que leurs mères (parce que la mère doit s'occuper de certaines personnes âgées ou des enfants d'une autre femme en Italie) pourrait être une bonne chose.

 Comme si c'était une bonne chose qu'un jeune qui est né à Bamako, n'aie pas, pour au moins pouvoir rêver d'une vie digne, d'autre choix que de traverser le désert à pied, puis la mer sur un bateau de fortune, pour, si il survit .. . vendre des briquets à Brescia.

 Comme si pour rajeunir la population italienne, il n'y aurait moyen de permettre aux jeunes d'avoir des enfants sans qu'ils deviennent une charge insupportable. Comme si la production des enfants pouvait être délocalisée pour en abattre les couts. .

 A tout cela reporte la plate-forme délibérément radicale du 17 octobre. Elle appelle à une politique qui s'autorise à repenser le monde et pas simplement à gérer les rares espaces laissés libre par le marché et par la finance internationale. Elle appelle à un retour aux valeurs. Elle appelle à repartir des opprimés. Elle rappelle que: les droits, ou ils appartiennent à tout le monde ou personne ne les a vraiment.. . C'est une plate-forme qui veut sonner l'alarme. Pour dire qu'il n'y a pas de temps à perdre. Soit nous nous réveillons et nous décidons de changer radicalement, d'abord nous même et notre façon de penser et de faire de la politique, ou les choses ne feront que s'aggraver. À payer la note se seront d'abord les pays pauvres, ensuite les migrants... Et puis tout le monde. Mais vraiment tout le monde!

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